Comprendre et maîtriser le stress

Publié le par Stéphane Getten

Le docteur Philippe Rodet, médecin urgentiste parisien s'est passionné pour la question du stress depuis vingt ans maintenant. Devenu un spécialiste écouté et consulté sur la question, Philippe Rodet intervient régulièrement à la demande de nombreuses entreprises, auprès de leurs cadres et salariés. Notamment au sein du Centre des Jeunes Dirigeants (CJD) et de l'Association Nationale des Directeurs de Ressources Humaines (ANDRH).

Je me suis entretenu avec lui, afin de mieux comprendre ce qu'est le stress et les enjeux qu'il sous-tend dans les domaines de la santé, de l'économie ou de la société.

Qu’est ce que le stress ?
Il s’agit d’une réaction de notre organisme à ce qu’il perçoit comme une agression. Il libère alors des substances qui, lorsqu’elles ne sont pas «consommés », s’accumulent et deviennent toxiques.

Le stress n’est donc pas forcément néfaste ?
Non, dans la mesure où nous « consommons » ces substances sécrétées, par l’exercice physique essentiellement. Le problème, actuellement,  est que notre corps subit une cinquantaine d’agressions par jour, alors qu’il est programmé pour en encaisser 5 à 7 seulement !

Quelles en sont les conséquences ?
Sur le plan sanitaire, le stress favorise l’émergence de maladies cardiovasculaires, immunitaires, dermatologiques … Au niveau économique, il coûte cher à la société, peut altérer l’image des entreprises et diminuer la performance de ses acteurs, notamment par une action néfaste sur l’efficience intellectuelle.

A l’inverse, en quoi le stress est-il positif ?
Parce qu’il est conçu pour nous aider à améliorer nos capacités face à un danger immédiat. Prenez par exemple le cadre d’un accident de la route. Que se passe-t-il alors dans le corps humain ? Nos muscles se contractent et protègent nos organes, notre sang circule mieux et contient d’avantage d’oxygène,  notre cerveau travaille plus vite, le sang coagule d’avantage en cas de plaies, des morphines naturelles sont libérées et diminuent le niveau de douleurs…

« Quand on fait le bien, on se fait du bien. »

Les enfants sont-ils sujets comme nous au stress ?
Oui, absolument. Un enfant ou un adolescent victime d’un niveau de stress important peut échouer facilement alors qu’il est vraiment intelligent. Quelques mots très négatifs peuvent faire des ravages dans son cerveau. Au contraire, si l’on s’efforce de lui parler de ce qui va bien, une forme de contagion des points forts vers ceux qui le sont moins s’effectue en lui.

Le stress est-il un levier ou un frein au travail, à la performance ?
Je pense que le stress, en faible quantité peut être un levier pour le travail, alors qu’à forte dose il devient un frein. On a tous réalisé des tâches difficiles en se provoquant un certain niveau de stress en attendant le dernier moment pour s’y mettre. En revanche, dans la mesure où il altère l’efficience intellectuelle, c’est toujours un frein à la performance.

Concrètement, comment pouvons-nous diminuer le stress ?
En stimulant par exemple l’engagement que se soit au niveau de l’entreprise ou en dehors. Il faut transmettre de la passion à ses collaborateurs, leur faire confiance en les considérant le plus possible, leur prouver l’utilité de leur activité, éviter la pression d’enjeu, transmettre de l’optimisme et… encourager. Encourager par exemple l’investissement dans une action d’intérêt général. Quand on fait le bien, on se fait du bien.


Philippe Rodet est l'auteur d'un très brillant ouvrage, intitulé Le stress : nouvelles voies (éditions de Fallois). Il fait référence en la matière.

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